Dimanche, 15h30, dans le bus
Cette photo là est particulière. Pour la première fois nous avons croisé des personnes d’une très grande pauvreté. Une pauvreté bien au delà de celle vue dans les villages, toute particulière car, comme le disait Gilbert, encore un français installé ici, à Vientiane, qui a aussi beaucoup voyagé, les Laos pauvres sont des gens heureux. Ils ont tous ou presque des choses à vendre, que ce soit des services, de la cuisine, des légumes, des objets divers.
Ici une scène particulière s’est produite, qui a mis en évidence une nouvelle catégorie de la population locale, celle de gens très pauvres, économiquement, mais socialement aussi.
Deux enfants pieds nus sont passés, fringues déchirées, plutôt sales, avec une écuelle, demandant à manger. Je ne suis ici qu’un touriste, un observateur, hors de question de jouer aux bienfaiteurs, erreur facilement commise par les touristes, qui croient bien faire en donnant de l’argent par exemple aux enfants qui acceptent d’êtres pris en photo, amenant progressivement ces enfants à harceler les blancs pour « Kips photo ! Kips Photo ! »
Ce n’est pas que je sois indifférent à la misère, mais voilà, je reste à ma place.
Ces deux enfants sont passés, sans le moindre succès ni regard, le chauffeur a donné deux coups secs et méchants sur l’épaule du plus grand, lui demandant certainement de déguerpir. J’ai senti dans les yeux de ce gamin une détresse mêlée à la résignation. Pure projection sans doute de ma part.
Peu de temps après sa maman est passée, femme presque aussi maigre que celle montée hier dans le bus depuis Luang Prabang, pieds nus. Je l’ai trouvée belle malgré la situation, belle et digne. Vêtue d’une robe d’un état similaire aux vêtements de ses enfants elle avançait avec son écuelle orange en plastique. Savait-elle que moins de deux minutes auparavant son fils aîné avait pris des coups sur l’épaule, devant tous ? Lui en parlerait-il seulement ? Rien n’est moins sûr, là aussi la misère colle à la peau comme une putain d’habitude. Tiens ça me fait penser à Amélie les crayons, une de ses chansons. Je ne sais plus laquelle.
La femme est passée, suivie d’une autre, plus âgée. J’ai volé une photo d’elle. Elle semblait différente, mais pourtant assez proche pour que je veuille prendre cette photo.
Il est assez logique que la capitale du Laos héberge aussi son lot de misère. Quoi qu’il en soit j’en ressors avec une vision éclairée sur bien des choses, y compris moi-même.
15h50, le bus nous conduit jusqu’au poste frontière. Le chauffeur claxonne à tout va, de façon presque anarchique. Sa logique est difficile à cerner, ça nous fait marrer, même quand il répond au téléphone.
16h30, poste frontière
Une avance malgré un douanier zélé qui devait sans doute aujourd’hui avoir parié faire passer le moins de touristes possible. En voilà un qui est tout à fait prêt pour bosser dans l’administration française. Oups.. Désolé…
Même les japonais devant nous ont failli perdre patience. Enfin je dis japonais, je n’en suis pas sûr, mais ça colle bien avec la scène alors je fais comme si (la patience des japonais renforce mon propos, c’est pour ça).
17h30, nous approchons de la gare.
Pas fâchés… Beaucoup de transports ces derniers jours, et de marche à pied.
C’est la fête autour, de joyeux lurons nous disent au revoir.
17h52, sommes dans le train.
Jean-Philippe s’est mis à écrire, avec un chouilla de musique, je le prends en photo depuis le quai.
Le contrôle de police s’est renforcé, tout le monde arrive, nous avons eu de l’avance.
19h10 ici, 14h10 en France, la nuit tombe
Des voitures passent à vivre allure, je me souviens d’un coup que nous sommes à la gare de la capitale.
Autres lieux autres pratiques.
Une voix de femme dans le couloir, elle s’arrête à chaque compartiment, c’est la serveuse, elle nous reconnaît et se met à genoux pour nous saluer, visiblement très contente de nous revoir. Nous en avions parlé la première fois avec Jean-Philippe, on fait un selfie avec elle.
Nous n’aurions peut-être pas dû, son enthousiasme monte de trois crans nous avons droit à hugs ans kisses…
Plus tard dans la nuit
Je dors un peu, pas assez. Je regarde les villages défiler. Il faudrait que je dorme. Mon ventre me tient en éveil. Vigilance, ça ressemble à… Non, il ne faudrait pas… Attendons…
5h, le petit déjeuner est servi
5h50 Jean-Philippe a perdu ses écouteurs.
Entre le moment où il s’est levé et celui où le Stewart est parti après avoir relis les lits en position sièges.
Un sac à dos c’est plein d’endroits où chercher ses écouteurs.
Là
Là aussi
Et là
Là aussi il y a une pochette
Puis ici aussi….
Bon il a cherché encore ailleurs mais je n’ai pas voulu mettre toutes les photos, ce ne serait pas sympa.
Et puis il ne sait pas que je l’ai pris en photo…
6h, nous arrivons à Bangkok
Il fait déjà chaud. Le taxi nous conduit jusqu’à notre dernière base, notre hôte a préparé l’adresse en Thaï pour le chauffeur.
Nous arrivons, c’est le cagnard, nous mettons la clim, je prends une douche, je check le vol, je mets des draps sur le canapé, je m’allonge, au plafond une pieuvre aux éclats scintillants m’appele.
Laos tu me sembles si loin, si près…
Vientiane c’était déjà hier
Posted from my smartphone, on the road
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